Directeur créatif chez Ubisoft pendant de très nombreuses années, Serge Hascoët a supervisé la création de plusieurs jeux vidéo devenus de véritables succès. Rayman, Far Cry, Assassin’s Creed ont pu bénéficier de son regard créatif et de sa volonté de placer le joueur au centre de la partie.
En effet, pour Serge Hascoët, il est indispensable que le jeu vidéo propose au joueur une expérience au-delà du divertissement.
Aller au-delà du divertissement : un enjeu pour Serge Hascoët
Serge Hascoët a connu de nombreuses évolutions au sein d’Ubisoft, dont certaines ont été initiées par ses soins. La progression d’Ubisoft vers des jeux « à monde ouvert » fait partie des changements majeurs proposés par Ubisoft dans ses jeux au cours des dernières années.
Pour Serge Hascoët, le fait de proposer moins de narration dans les jeux et de laisser davantage de liberté au joueur est une manière de le responsabiliser dans ses choix et face aux opportunités qui s’offrent à lui.
Ainsi, l’enjeu est de proposer une partie qui aille au-delà du simple divertissement pour le gamer et qui lui offre un véritable apprentissage.
D’un côté, en apprenant à analyser le comportement des autres et à communiquer avec eux, le joueur est ainsi obligé de développer son côté social. D’un autre côté, en se concentrant sur les obstacles et les difficultés qu’il a à affronter le joueur est amené à développer sa détermination et à renforcer sa confiance en lui lorsqu’il parvient à accéder à un niveau supérieur.Pour Serge Hascoët, c’est ainsi en étant stimulé et challengé que le joueur prend du plaisir dans sa partie.
Il est ainsi indispensable que les game designer trouvent le bon équilibre entre la facilité d’action et le challenge : le joueur ne doit se sentir ni ennuyé ni découragé.
Serge Hascoët explique ainsi que les étapes de création d’un jeu vidéo sont nombreuses et complexes.
La formation des game designer est un sujet pris très au sérieux au sein d’Ubisoft qui avait même proposé un game lab à Paris afin de développer les connaissances expérimentales sur ce point.
Trouver le bon équilibre : l’objectif du game design selon Serge Hascoët
Pour débuter la création d’un jeu vidéo, la première source d’inspiration selon Serge Hascoët est le terrain et la réalité. C’est, selon lui, en observant le terrain et en s’y confrontant dans la « vraie vie » que l’on peut ensuite le retranscrire et proposer une expérience unique et immersive au joueur.
La capacité d’observation doit ainsi être mise en pratique par les développeurs. Serge Hascoët, lui, la pratique notamment avec sa passion pour la photographie de rue.
Le game design est donc la pièce maîtresse de la réussite d’un jeu afin que le joueur atteigne le fameux « état de flow », selon le concept de Milahi Csíkszentmihályi pour décrire un engagement total et une pleine satisfaction dans la réalisation d’une activité. Si cette théorie a été utilisée dès 1975 au sujet du sport et de la musique, elle peut aujourd’hui être utilisée dans le cadre du jeu vidéo.
Les cas d’école en termes de game design sont les jeux japonais, comme Mario ou Zelda. Pour permettre au joueur de connaître une progression continue dans son activité en ligne, Serge Hascoët souligne que la règle du « form follows function » s’impose dans la création d’un jeu. Cette façon de concevoir les jeux vidéo place l’intention de création et le joueur au centre de la réalisation.
Enfin, Serge Hascoët rappelle que deux prérequis doivent également être respectés dans la réalisation du jeu : une interface facile à comprendre et un environnement limpide afin que le joueur soit pris par la main dès le début du jeu, tout en ayant ensuite sa liberté dans les choix à faire.