Serge Hascoët a passé près de trente-cinq années plongé dans l’univers des jeux vidéo en tant que directeur créatif chez Ubisoft.

Responsable pendant vingt-ans de « L’éditorial », Serge Hascoët a impulsé au sein de l’entreprise un virage éditorial majeur qui a conduit à la création de jeux dits « à monde ouvert », replaçant l’expérience de l’utilisateur au cœur du jeu.

Toutefois, au-delà du seul plaisir de jouer, Serge Hascoët envisage le jeu vidéo comme un moyen de créer du lien social, d’interagir avec les autres et d’en apprendre davantage sur soi-même.

Serge Hascoët défend une expérience de jeu centrée sur le joueur

Permettre au joueur d’atteindre l’état de flow, à savoir un état maximal de concentration, d’engagement et de satisfaction : tel est l’objectif de Serge Hascoët dans la conception créative d’un jeu vidéo.

La théorie de l’état de flow, développée par Mihály Csíkszentmihályi dans les années 70, a notamment été utilisée afin de décrire des états d’immersion dans des activités telles que le sport ou la musique. Elle est aujourd’hui mobilisée pour aborder l’énergie placée dans les jeux vidéo en raison des multiples évolutions dont ils ont fait l’objet au cours des dernières années.

En effet, Serge Hascoët souligne que l’avènement des jeux à mondes ouverts, a conduit à responsabiliser le joueur dans ses choix et ses objectifs.

Le gamer n’est ainsi plus soumis à une trajectoire unique mais il devient en mesure de saisir les opportunités qui s’offrent à lui et qui lui permettent de progresser dans le jeu.

Des jeux à l’image de Far Cry, notamment dans sa troisième édition, sont significatifs de cette évolution, permise grâce à un changement de mentalité ainsi qu’à une progression de la technologie qui a ouvert un nouveau champ des possibles.


Serge Hascoët considère que l’innovation fait partie des critères déterminants de la qualité et de la réussite d’un jeu.

L’autre élément phare réside dans la surprise apportée au joueur qui doit s’amuser face aux multiples possibilités qui lui sont offertes et aux divers scénarios qui lui sont proposés.

Toutefois, Serge Hascoët envisage le jeu vidéo comme un véritable outil d’apprentissage, autant en termes de relations avec autrui qu’au niveau de l’épanouissement personnel.

Le jeu vidéo permet de développer sa relation à autrui selon Serge Hascoët

En apprendre sur les autres et sur soi-même : Serge Hascoët souligne les possibilités offertes par le jeu vidéo

Pour Serge Hascoët, les possibilités permises par le gaming ne sont pas seulement ludiques mais également pédagogiques.

En effet, le jeu vidéo peut être envisagé comme un véritable outil de création de lien social, à la fois en ligne mais aussi dans la « vraie vie ».

De facto, il apparaît que 65% des familles, en France, se retrouvent huit fois par mois environ autour d’un jeu vidéo pour partager un moment ensemble. Les parents considèrent que prendre part à cette activité avec leurs enfants est un moyen de se rapprocher d’eux et de créer du lien, comme autour d’un jeu de société ou de la pratique d’un sport.

Par ailleurs, le fait d’interagir en ligne avec d’autres joueurs oblige également le gamer à développer ses interactions avec autrui, à le pousser à échanger et à comprendre les personnes avec qui il partage une partie.

Mais outre le fait d’en apprendre sur les autres, le joueur en apprend également beaucoup sur lui-même, au point que les jeux peuvent avoir des effets thérapeutiques.


Serge Hascoët souligne effectivement que le jeu pousse le gamer à être confronté à l’échec, au fait de devoir essayer à nouveau plusieurs fois pour réussir et à apprendre alors la fierté de l’accomplissement.

Les gamers apprennent ainsi la volonté, la détermination de réussir et le fait de ne pas se décourager. À la fin d’une partie, leur estime et leur confiance en soi est boostée.

Par ailleurs, certains jeux permettent également d’en apprendre beaucoup sur l’histoire et les civilisations et participent ainsi à développer la curiosité et l’intérêt pour certains sujets de culture générale.