Placer le joueur au centre du jeu vidéo, en lui permettant d’écrire sa propre histoire et d’évoluer : tel est l’objectif de « l’éditorial » d’Ubisoft, le pôle créatif central de l’entreprise.
À sa tête pendant vingt-ans, Serge Hascoët a fortement contribué à la création et la direction des jeux vidéo, devenus de véritables blockbusters.
Aujourd’hui troisième éditeur mondial de jeux vidéo, Ubisoft a évolué au fil des années, se transformant progressivement en une « anecdote factory ».
Le parcours créatif de Serge Hascoët
Après des études en sciences, Serge Hascoët entre chez Ubisoft en 1987 en tant que « game designer ». Il avait postulé dans l’entreprise à la suite de la publication d’une offre d’emploi dans Ouest France.
Progressivement, Serge Hascoët gravit les échelons : il devient « lead game designer » puis travaille à l’international, pour l’Europe et l’Asie Pacifique, en tant que « studio manager ».En charge de la stratégie éditoriale des jeux vidéo, Serge Hascoët dirige les équipes de création en cherchant à proposer des jeux toujours plus innovants pour le gamer.
Après sa participation à l’élaboration du jeu Rayman, aux côtés de Michel Ancel en 1995, il participe à la propulsion de plusieurs blockbusters : Watch Dog, Far Cry, Assassin’s Creed par exemple.
En tant que responsable de la qualité des jeux proposés, Serge Hascoët doit répondre à plusieurs interrogations majeures afin de créer un univers et une véritable marque autour de chaque jeu vidéo : Quel type de jeu veut-on créer ? Quelle est l’équipe dédiée ? Quel niveau de qualité propose-t-on ?
Dans le processus de création d’un jeu vidéo, Serge Hascoët doit anticiper ce qui intéressera les gamers dans deux ans, le délai de création d’un jeu.
Plusieurs dizaines d’équipes sont alors dédiées à la naissance d’un jeu vidéo : les producteurs, les créateurs et les artistes constituent la « core team » autrement dit les éléments clés des créatifs.
Les éléments forts du jeu en termes de game design, d’intelligence artificielle et de graphisme sont définis tout en s’adaptant aux évolutions technologiques.
Serge Hascoët souligne en effet que les innovations obligent à explorer un nouveau champ des possibles en termes de créativité et d’expérience pour le joueur.
Serge Hascoët raconte la révolution du jeu vidéo
Ayant travaillé pendant trente-cinq années au sein d’Ubisoft, Serge Hascoët a assisté et participé à l’évolution des jeux et de la place du gamer.
Au fil des années, la part de narration a laissé place à davantage de surprise et de liberté pour le joueur, grâce à l’émergence des jeux « à monde ouvert ».
Dans ce type de jeu, le joueur peut choisir son propre parcours et faire ses propres choix sans suivre un chemin qui aurait été décidé arbitrairement pour lui.
Le jeu Far Cry 3 est l’exemple significatif de cette évolution dans laquelle chaque nouvelle partie permet au joueur de vivre une nouvelle expérience.
Afin de permettre au joueur d’atteindre « l’état de flow », Serge Hascoët considère que les lieux proposés dans le jeu doivent être fidèles à la réalité. Pour cela, l’observation du terrain est la condition sine qua non à la réussite d’un jeu. Observer le monde, ce qui s’y passe et les personnes qui en font partie relève d’une compétence que Serge Hascoët maîtrise, grâce notamment à son appétence pour la photographie de rue ainsi qu’Ernest Hemingway.
La réalité des territoires recréés a notamment été l’une des raisons du succès du jeu Assassin’s Creed qui se déroulait à Florence et permettait une rencontre avec des personnages mythiques à l’image des Borgia ou de Léonard de Vinci.
À la suite de la sortie de ce jeu, Serge Hascoët raconte que des tours dédiés à la visite des lieux phares du jeu ont été organisés dans la ville par des guides touristiques.
La réussite de ces jeux vidéo explique qu’Ubisoft soit aujourd’hui reconnue comme un acteur phare de l’industrie.