Pendant plus de trente ans, Serge Hascoët a dirigé la direction artistique d’Ubisoft.
Son ambition était alors d’imaginer les meilleurs jeux qui soient afin de proposer au joueur une expérience unique, qui lui permette d’atteindre « l’état de flow ». Cet état de satisfaction et d’engagement maximal a été étudié par Mihály Csíkszentmihályi dans les années soixante.
Comment se manifeste-t-il et comment l’atteindre ? Serge Hascoët nous répond.
Serge Hascoët décrit l’état de flow
En premier lieu, il est impératif d’expliquer en quoi consiste l’état de flow afin de savoir comment y parvenir.
Cet état se caractérise par une sensation de fluidité et de concentration maximale, à la fois du corps et de l’esprit, envers une tâche unique.
Les personnes ayant connu l’état de flow le décrivent comme un sentiment de plénitude après avoir réalisé une mission précise et atteint l’objectif qu’ils s’étaient fixé.
Mihály Csíkszentmihályi s’est tout d’abord intéressé à cet état dans le cadre du processus créatif : en observant des artistes en train de travailler, il s’est rendu qu’ils étaient absorbés par leur tâche et continuaient à travailler malgré la faim ou la fatigue qu’ils pouvait ressentir.
Serge Hascoët souligne que, dans son livre « La psychologie du bonheur », Mihály Csíkszentmihályi explique que les moments les plus satisfaisants sont ceux dans lesquels une personne est amenée à repousser ses limites volontairement pour atteindre une satisfaction d’elle-même.
L’état de flow peut ainsi être atteint dans une partie d’un jeu vidéo puisque le joueur est amené à franchir différents obstacles, grâce à sa détermination et sa concentration, avec la volonté d’atteindre le niveau supérieur. Serge Hascoët rappelle alors que les jeux sont conçus de façon à garder un équilibre entre la difficulté de la partie qui crée un challenge et la possibilité de franchir les différents caps afin de permettre la satisfaction du joueur.
Dans cet état le joueur est tellement concentré qu’il peut perdre la notion du temps. Mais que se passe-t-il au niveau cérébral à ce moment précis ? Serge Hascoët nous répond.
Serge Hascoët explique la manifestation de cet état
Si l’état de flow provoque une sensation de bonheur, comment se développe-t-elle ?
Serge Hascoët souligne que l’état de flow est en fait le contraire d’un état de conscience qui provoque un vrai changement au niveau cérébral. Il est observé un ralentissement des ondes du cerveau qui permettent d’obtenir une meilleure concentration et circulation des informations.
La partie créative du cerveau se substitue à la raison et la conscience, notamment par la libération d’hormones associées au bonheur telles que la dopamine ou la sérotonine.
Serge Hascoët note que si cet état est associé au domaine du divertissement, il joue aujourd’hui un véritable rôle dans le cadre professionnel puisqu’il permet d’être plus concentré, productif et agile dans la réalisation des différentes missions.
Il permettrait en fait d’atteindre notre potentiel créatif et de sortir de notre zone de confort.
Mais peut-on faire en sorte d’atteindre volontairement cet état ? Serge Hascoët nous donne quelques pistes.
Serge Hascoët propose quelques pistes
L’état de flow, puisqu’il relève plutôt de l’inconscient, ne peut pas être atteint simplement en essayant de se concentrer au maximum sur une tâche.
Toutefois, certaines pratiques peuvent être mises en œuvre au quotidien afin d’essayer de le trouver.
Premièrement, il est indispensable de se fixer un objectif qui soit réalisable tout en faisant en sorte qu’il constitue un défi. En effet, le cerveau doit être engagé tout en évitant le stress d’une « mission impossible ».
De plus, il est primordial que le cerveau soit habitué à la tâche pour permettre un total lâcher prise.
Aussi, Serge Hascoët note que le cerveau doit être libéré de toute distraction : il est donc recommandé d’éviter tout ce qui pourrait venir perturber la progression vers le flow telles que les discussions ou les notifications de téléphone.
Il est possible d’écouter de la musique, qui peut agir sur l’état émotionnel de la personne, à condition que celle-ci soit répétitive et sans parole.
Serge Hascoët note également que certains moments sont plus propices à la concentration que d’autres et qu’il est donc recommandé de réaliser les tâches lors de ces moments.
Enfin, il est impératif que la mission qui va être accomplie soit satisfaisante pour la personne et que celle-ci la réalise de façon pleinement volontaire afin d’augmenter les chances d’atteindre l’état de flow.